Anciennes Compétences

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 Période ottomane

Abdelaziz Amokrane dit Sidi El Djoudi "Le Brave"

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Sultan de la Qalaâ Nath Abbes, Guerrier et Stratège

Ancêtre de la dynastie des Ath Moqrane (El Mokrani)

Fondateur du royaume authentiquement algérien

Règne : 1510-1559 (49 ans)


Origines & Formation

Abdelaziz Amokrane, surnommé "Sidi El Djoudi" (le brave), est l'un des ancêtres illustres de la dynastie des Ath Moqrane (El Mokrani). Fils d'Ahmed Ben Abderrahmane, il hérite d'un royaume en formation dans la région montagneuse des Biban, territoire stratégique au cœur de l'Algérie.

Héritage dynastique : Poursuivant l'œuvre entamée par son père et son grand-père, il s'inscrit dans une lignée de dirigeants berbères qui ont su préserver leur autonomie face aux grandes puissances de l'époque.

Sa formation de guerrier et de dirigeant s'effectue dans le contexte troublé du début du XVIe siècle, marqué par l'arrivée des Espagnols sur les côtes algériennes et l'expansion ottomane en Méditerranée. Cette époque forge son caractère et sa vision stratégique.

Dès sa jeunesse, il comprend l'importance cruciale de la modernisation militaire et de l'adaptation tactique pour résister aux armées européennes équipées d'armes à feu. Cette conscience précoce orientera toute sa politique de défense.

Carrière

Règne exceptionnel : 1510-1559 - 49 années de règne qui marquent l'apogée de la Qalaâ Nath Abbes et sa transformation en puissance régionale incontournable.

Abdelaziz Amokrane prend les rênes du pouvoir vers 1510 et devient rapidement le véritable fondateur de la Qalaâ Nath Abbes, un royaume puissant et authentiquement algérien qui tiendra tête simultanément aux Espagnols et aux Ottomans.

Réorganisation militaire révolutionnaire : Il restructure son armée en infanterie berbère et en unités de mercenaires et renégats européens armés d'arquebuses et de mousquetons, créant une force hybride redoutable.

Sa stratégie défensive s'appuie sur un réseau de casernes et bases militaires fixes situées autour de la Qalâa, notamment à Tala Mzida et Tazla, et sur les montagnes environnantes. Ces positions fortifiées contrôlent les axes de communication stratégiques.

Il constitue également une cavalerie basée dans les Hauts-Plateaux et dans le Hodna, à partir d'un régiment de la tribu des Hachem de Mascara qu'il ramène d'une expédition guerrière à l'Ouest et qu'il installe à la Medjana. Il s'appuie aussi sur la tribu des Ouled Madhi de Msila.

Alliance stratégique avec l'Espagne (1510-1516) : Il s'allie d'abord avec les Espagnols de Pedro de Navarro, qui s'était emparé de Bougie en 1510. En échange de vivres pour la garnison assiégée, ceux-ci lui fournissent poudre, fusils et ouvriers pour fortifier sa Qalâa.

Cette alliance pragmatique permet à Bougie de résister aux sièges grâce aux accords passés entre Abdelaziz et Marino De Ribera entre 1511 et 1516. Une partie de la muraille de la citadelle porte encore aujourd'hui le nom d'"Essour Irroumyen" (remparts des Romains), témoignage de cette coopération.

Retournement d'alliance (1516) : Quand Baba Arroudj entreprend de mettre fin à cette alliance hispano-berbère et le rencontre à Ath Khiar, Abdelaziz, face à des forces turques supérieures, fait preuve de réalisme politique et se soumet, rompant avec les Espagnols.

Distinctions, Impact & Influence

Professionnalisation militaire : Abdelaziz remédie à la faiblesse traditionnelle des armées berbères (paysans-soldats abandonnant le combat aux périodes de récolte) en créant une armée de métier de 10 000 hommes.

Innovation technologique : Conscient que ce sont les mousquets qui confèrent leur avantage aux Turcs, il développe des fabriques d'armes avec l'aide de renégats et de chrétiens. Selon l'historien espagnol Diego de Haedo, il accueille généreusement les renégats d'Alger et les captifs chrétiens, leur offrant bonne paie et liberté religieuse en échange de leurs services militaires.

Politique d'intégration : Il marie et enrichit ceux qui se convertissent à l'islam, mais laisse "l'entière liberté" aux chrétiens de garder leur foi, du moment qu'ils le servent à la guerre, créant ainsi une troupe de mousquetaires redoutable.

Portrait par les chroniqueurs espagnols : "Fier et brave, tout acte d'honneur seul le réjouissait, s'il ne réservait son admiration que pour ce qui était glorieux, en revanche, le moindre signe de lâcheté ne manquait pas de le révolter. En vrai guerrier et en homme, ayant conscience de sa dignité, les vanités malséantes l'exaspéraient à l'extrême."

Alliance avec le royaume de Koukou (1553) : Grâce à l'intervention des principaux marabouts de la Soummam et du Djurdjura, il scelle une alliance avec Ahmed Oulqadhi, roi de Koukou, dont il épouse la fille, unissant les deux puissances kabyles contre l'ennemi ottoman commun.

Mort héroïque (septembre 1559) : Dans sa dernière bataille à Mouka contre Hassan Pacha, fils de Kheireddine, Abdelaziz mène personnellement l'assaut. Vêtu de deux cottes de mailles et armé d'un coutelas, d'une lance et d'un bouclier, il trouve la mort les armes à la main après une résistance héroïque.

Légende de la tête parlante : Selon la tradition, après que sa tête fut exposée à la porte Azzoun selon la coutume turque, elle prit la parole lors de la fermeture des portes en répondant au gardien : "Il ne reste que la tête de Abdelaziz." Impressionné par ce prodige, le pacha ordonna de l'enfermer dans un coffret en argent et de l'enterrer avec les honneurs.

Références et sources bibliographiques :

"Le brave Abdelaziz Amokrane, héros de la résistance berbère, modèle d'honneur et de courage face aux empires"