Anciennes Compétences
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Cheikh Mohamed Tahar AÏT ALDJET
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Érudit religieux, Enseignant, Moudjahid Domaines de spécialité : Théologie islamique, Jurisprudence, Éducation religieuse, Histoire de l'Algérie |
Naissance, Origines & Formation
Cheikh Mohamed Tahar Aït Aldjet est né le 5 du mois béni de Moharram 1335 de l'hégire, correspondant au 7 février 1917, à Tamokra dans la wilaya de Béjaïa. Issu d'une famille pieuse de Kabylie, il grandit dans un environnement imprégné de spiritualité et de savoir.
Dès son plus jeune âge, Tahar fait preuve d'une remarquable aptitude pour l'apprentissage religieux. À l'âge de 12 ans seulement, il parvient à mémoriser intégralement le Saint Coran, démontrant une mémoire exceptionnelle et une dévotion précoce aux textes sacrés.
Sa formation se poursuit sous la direction de maîtres érudits renommés. Il étudie la théologie, la langue arabe, l'histoire et les mathématiques auprès de son maître principal Aït Djer, un proche collaborateur du célèbre réformateur Ben Badis. Il bénéficie également de l'enseignement des cheikhs Mohamed Ali Taïbi, El Khiari, Hannachi, Mesbah, Tounsi et El Ghezouani. Ce parcours éducatif exceptionnel forge sa personnalité d'érudit et constitue les fondements de son élévation intellectuelle, spirituelle et patriotique.
Carrière
La carrière de Cheikh Aït Aldjet se caractérise par un engagement constant au service de sa patrie et de sa foi. Durant la Guerre de libération nationale (1954-1962), il fait preuve d'un courage exemplaire et de sacrifices considérables, luttant aux côtés du légendaire colonel Amirouche pour l'indépendance de l'Algérie.
En 1956, après le bombardement de la zaouïa de Sidi Yahia El-Aïdli, le Cheikh rejoint la Révolution avec ses étudiants, témoignant de son engagement patriotique indéfectible. En 1957, à la demande expresse du Colonel Amirouche, il se rend en Tunisie puis à Tripoli en Libye, où il est désigné membre du bureau du Front de libération nationale (FLN), participant ainsi à l'effort diplomatique et organisationnel de la révolution.
Après l'indépendance en 1962, Cheikh Aït Aldjet regagne l'Algérie et se consacre à l'éducation des jeunes générations. Il est nommé enseignant dans les prestigieux lycées de la capitale : Okba Ben Nafaa et Amara Rachid (Ben Aknoun), fonctions qu'il occupe avec dévouement jusqu'à sa retraite en 1978.
À la demande du ministère des Affaires religieuses, il reprend ses activités de prédicateur, dispensant des "Dourouss" (cours religieux) et des conseils spirituels. Il assure également les prêches du vendredi dans les mosquées El Ghazali (Hydra) et Dar al-Arqam, touchant ainsi des milliers de fidèles par son enseignement empreint de tolérance et de modération.
Distinctions & Reconnaissances
Cheikh Mohamed Tahar Aït Aldjet est reconnu comme l'un des plus éminents hommes de religion et de jurisprudence en Algérie. Sa contribution à l'ancrage d'un référent religieux basé sur la tolérance et la modération lui vaut le respect unanime de ses pairs et des autorités religieuses du pays.
Son rôle durant la guerre de libération nationale et sa participation aux instances dirigeantes du FLN lui confèrent une légitimité historique incontestable. Il est reconnu comme un symbole de la résistance intellectuelle et spirituelle algérienne.
À sa mort en juin 2023 à l'âge vénérable de 106 ans, il reçoit les honneurs de la nation. Les plus hautes autorités du pays saluent sa mémoire, et son inhumation au cimetière d'Aissat Idir à Beni Messous se déroule en présence de nombreuses personnalités religieuses et politiques.
Productions, Impact & Influence
L'œuvre de Cheikh Aït Aldjet se caractérise par sa richesse et sa diversité. Il laisse un legs littéraire et intellectuel considérable, comprenant notamment un ouvrage autobiographique regroupant ses mémoires, dans lequel il relate l'histoire mouvementée de l'Algérie à travers son expérience personnelle.
Ses contributions audio sont également remarquables, notamment ses enregistrements explicatifs de la lettre d'Ibn Abi Zeid El Kairaouani et des textes choisis de la série "El-Mouatae", références incontournables de la jurisprudence islamique.
Son influence se mesure particulièrement à travers les nombreuses personnalités qu'il a formées. Parmi ses étudiants les plus illustres figurent l'ancien ministre Mouloud Kacem Naït Belkacem et le Cheikh Abou Abdessalam, devenus à leur tour des références intellectuelles et religieuses en Algérie.
Au-delà de ses écrits, c'est par la formation de milliers de cadres algériens que Cheikh Aït Aldjet marque durablement l'histoire intellectuelle et spirituelle de son pays. Son approche pédagogique, alliant rigueur scientifique et sagesse spirituelle, influence plusieurs générations d'étudiants et de religieux.
Il est universellement reconnu comme un modèle d'érudit ayant su "manier le verbe et le pistolet", incarnant parfaitement la figure du savant-combattant, pilier de la renaissance intellectuelle algérienne post-indépendance.